Histoire de la Classic Channel Regatta

Par Bruce Thorogood – Fondateur & Organisateur principal

Tout a commencé en 2003 quand je naviguais à bord de mon ancien yacht, le Strider Class de 35 pieds “Cariacou”, à la première Perros Classic. C’était le seul bateau britannique présent et les organisateurs m’avaient demandé d’encourager plus de Britanniques à participer à l’édition 2005.

J’ai pensé qu’une bonne manière d’y parvenir serait d’organiser une régate qui amènerait les navires du West Country au Port de Perros. Donc quand je suis rentré à la maison, j’en ai discuté avec quelques amis à Dartmouth. L’un était ancien Président et directeur de course du Royal Dart Yacht Club (RDYC) , et l’autre, un membre du club possédant un ancien bateau-sécu de la RNLI (association de sauvetage en mer du Royaume-Uni). Ils étaient tous deux enthousiastes et ont accepté de s’engager dans l’aventure. Nous partions donc avec un directeur de course et un excellent bateau comité pour la régate. Nous avons ensuite discuté avec le commodore du RDYC, qui était partant pour que le club accueille le départ.

Voilà, la machine était lancée.

Nous avons ensuite pensé que, puisque les bateaux se rassemblaient à Dartmouth, nous pourrions aussi bien mettre une régate prélude à Dartmouth – et pourquoi pas deux régates et en faire un weekend ? Ainsi le plan était prêt – un weekend à Dartmouth et une régate pour nous amener à la Perros Classic – c’est ainsi que la Classic Channel Regatta est née.

Cette première régate de 2005 a été un grand succès, malgré d’inévitables soucis de rodage : le pire ayant été une grosse bourde avec les handicaps à Dartmouth. Nous avions décidé d’utiliser le système d’handicaps de Portsmouth Yardstick, sur les conseils d’une personne clamant le connaître. Elle était en fait incompétente, les handicaps étaient farfelus. Quand les bateaux sont arrivés à Perros, les organisateurs ont donc recalculé les handicaps rapidement en utilisant le système français de handicap. Cela n’a pas empêché tout le monde de passer un très bon moment. Il y avait 57 bateaux à la première Channel Regatta de Perros et le yacht club et la ville ont tout fait pour fournir d’excellentes installations et une belle hospitalité. Nous avions tous hâtes de renouveler l’événement en 2007.

Cependant, l’impulsion derrière la Perros Classic était un charmant “bonhomme”, propriétaire d’un sloop Sparkman & Stephens qui avait autrefois appartenu au maire de Marseille. Il était véritablement passionné par les bateaux classiques. Le seul souci était qu’il était trop passionné pour être capable de faire les compromis nécessaires pour travailler avec les autres organisateurs de la Perros Classic. Cela a donné une échauffourée à Perros et il a pris ses cliques et claques , et nous aussi.

Il a ensuite rapidement pris contact pour me dire de ne pas me faire de soucis.Il avait un bon contact avec le yacht club de Saint Malo (SNBSM), prêt à accueillir la régate en 2007. Tout allait bien avant que notre homme ne croise de nouveau le fer avec le président du club, à propos de l’un de ses nombreux principes. Il nous est apparu clairement que si nous voulions continuer à travailler avec la SNBSM, nous devions nous séparer de notre fougueux ami français. Certains d’entre nous se sont rendus à Saint Malo pour sauvegarder le projet.

Peu de temps après, notre fougueux ami m’a de nouveau contacté pour me dire “Pas de soucis Bruce, j’ai établi le contact avec le capitaine du port de Tréguier et on peut aller là-bas.” C’est à ce moment-là qu’il a fallu lui dire qu’il était temps pour nous de descendre de son ‘char de guerre’, puisque nous voulions maintenir la régate à Saint Malo. La régate de 2007 a été organisée à Saint Malo, hébergée par la SNBSM, et a connu un autre grand succès. Malgré tout, la relation avec le club a tourné au vinaigre et les ardeurs se sont refroidies.

En 2009, la SNBSM a déclaré qu’elle ne pouvait plus accueillir la régate car elle était trop proche de la Course Cowes-Dinard Race, qui se tenait la semaine juste avant. Que faire ensuite ? Saint Malo était un bel endroit pour nous et il y a très peu de ports en Bretagne Nord qui peuvent accueillir une flotte d’une telle ampleur. Nous avons contacté le Yacht Club de Dinard, en face de la rivière qui traverse Saint Malo, enclins à reprendre la régate. Une de nos équipes de Dartmouth est allée à Dinard et a eu des discussions constructives avec le Président et les autres membres du comité. Tout semblait aller dans le bon sens, bien qu’ils disent être en négociations difficiles avec la Mairie pour renouveler le bail de leur clubhouse. Les semaines suivantes, le club avait de gros soucis, la Mairie voulant augmenter le loyer à un prix que le club ne pouvait supporter. Quand ils ont dû changer de président trois fois en quelques semaines, nous avons compris l’ampleur de leur problème. Ce fut le troisième président qui nous a finalement écrit  “désolé les gars, mais on peut pas le faire”. C’était en Octobre 2008, seulement neuf mois avant la régate de 2009 – et nous n’avions pas de port en Bretagne ! Que pouvions-nous faire ?

Ma femme et moi avons pris le ferry pour Roscoff. Nous avons ensuite visité chaque port potentiel en Bretagne Nord pour voir où nous pourrions éventuellement organiser la régate. Ce voyage a confirmé ce que je pensais déjà : très peu sont assez spacieux. Le seul port avec lequel nous avions déjà pré-arrangé une rencontre était Paimpol, nous sommes donc allés là-bas en dernier. N’ayant trouvé aucun autre port convenable, nous sommes allés au rendez-vous en pensant que nous allions devoir négocier fermement pour les persuader d’accepter la régate. Il s’est avéré que le maire et le maître de port étaient tous les deux en réunion et ont directement dit, sans aucune pression de notre part, qu’ils seraient enchantés d’accueillir la régate et qu’ils pourraient mettre à disposition gratuitement le port et la Salle des Fêtes, et tout le soutien nécessaire. Je pensais qu’il y a donc un bon Dieu après tout ! Ainsi que la régate de 2009 s’est déroulée à Paimpol qui se montra être le port idéal. Depuis, nous y sommes retournés pour chaque régate.

Paimpol est en effet le port breton idéal pour la régate, et, ayant à présent découvert toutes ses qualités, nous n’avons plus jamais recherché d’autres endroits. Bien qu’il y ait beaucoup de rochers environnants et que la marée descende bien bas, le chenal est bien balisé et protégée des vents dominants d’ouest – rendant l’accès bien plus facile qu’il n’en ait l’air sur la carte. Le port est spacieux, a d’excellents équipements et est en plein milieu de la ville. Même la Salle Des Fêtes, où nous organisons les dîners des équipages de la régate, est sur les quais. La mairie et le maître du port ne pourraient pas être plus serviables et l’ambiance plus accueillante à chaque fois que la régate s’y tient. Tout est parfait!

Pendant tout ce temps, le port de départ pour la régate en Bretagne est resté la merveilleuse ville de Dartmouth et le Royal Dart Yacht Club a été un excellent club hôte. St Peter Port à Guernesey est demeuré une étape où le Yacht Club de Guernesey nous accueille. Habituellement, la régate se terminait à Guernesey, mais en 2017 nous avons fait escale à Guernsey pour aller ensuite à Paimpol, un changement qui a été bien accueilli et qui se répète en 2019.