Bref historique des villes de Paimpol et de Dartmouth

Dartmouth

Avant 1066, il n’y avait pas de ville sur le site du Dartmouth actuel, seul existait le petit village de Townstal au sommet de la colline. Quand les Normands arrivérent sur ces côtes, ils comprirent rapidement la valeur de ce refuge pour les voyages Outre-Manche, et au 12éme siècle c’était devenu un port assez réputé au point d’être le centre de rassemblement de la flotte européenne lors des 2ème et la 3ème croisades.

Une charte royale lui fut accordée en 1341 et en 1372 et un fort fut construit à l’embouchure de la rivière pour défendre la ville contre les attaques d’Outre-Manche pendant les guerres avec la France. Une chaîne amovible pouvait être tendue entre les châteaux à l’entrée de la rivière pour empêcher les attaques et le fort a été l’un des premiers dans le pays à utiliser l’artillerie à poudre. En 1404 à la bataille de Slapton Sands une armée de gens du pays sans entrainement repoussa les chevaliers bien équipée d’une troupe de 2000 Bretons qui débarquèrent à Slapton. En 1588, quand Dartmouth était sous la menace de l’Armada espagnole, la ville arma onze navires qui se joignirent à la flotte anglaise et capturèrent le vaisseau amiral espagnol qui était ancré dans la Dart.

Au 14ème siècle les commerçants de la ville étaient de plus en plus riches grâce au commerce du vin de Bordeaux. Une autre raison de la prospérité croissante de la ville était l’abondance de la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve. Des témoignages de ce commerce prospère sont visibles aujourd’hui sur le Quai Butterwalk du 17ème siècle et on peut admirer de nombreuses maisons du 18ème siècle dans la ville. Les produits fabriqués localement étaient négociés à Terre-Neuve au 18 ème siècle et une grande partie de la morue salée était vendu en Espagne et au Portugal en échange de vin. Quelques familles actuelles de Dartmouth ont encore des liens avec le commerce du vin portugais. Dans le milieu du 19 ème siècle la ville fait face à une grave crise économique à cause de l’effondrement du commerce de Terre-Neuve, qu’elle surmonta progressivement dans la seconde moitié du 19 ème siècle, notamment grâce à l’arrivée du chemin de fer à Kingswear. L’importance de Dartmouth en tant que port maritime diminua avec la croissance de celle de Plymouth, mais en 1863 la Royal Navy stationna deux navires de formation dans le fleuve, et plus tard en 1905, les remplaça par l’Ecole Navale. Aujourd’hui, la plupart de l’économie locale est basée sur le loisir et l’industrie touristique.

 

Paimpol

Les mentions les plus anciennes que nous avons de Paimpol se trouvent dans les chartes des abbayes de Saint-Rion et de Beauport qui datent du 12éme siècle. Le nom de « Paimpol » vient du breton « pen » (extrémité) et « poull » (étang). A cette époque, Paimpol dépendait de la commune de Plounez qui était à l’autre extrémité de l’étang.

Au 16éme siècle, Paimpol appartient au Comte de Vertus. Pendant quelques années à partir de 1591, Paimpol est défendu par un corps de troupes anglaises commandé par Sir John Norris. En effet, le roi de France Henri IV, pour faire face aux Ligueurs de Bretagne, se voit dans l’obligation de demander des secours à la Reine d’Angleterre, qui lui envoie 2400 hommes d’infanterie. Ces troupes auxiliaires avaient Paimpol pour garnison. En 1593, le brigand Guy Eder de la Fontenelle qui soutenait les Ligueurs, pénètre dans la cité de Paimpol, laissée sans défense après le départ des Anglais, la pille, la brûle en partie et massacre un grand nombre d’habitants.

Progressivement la ville se développa grâce à son port qui était le port principal des corsaires Bretons. Il servait aussi de base pour le commerce de cidre, sel, bois et houille avec l’Angleterre.

Mais Paimpol est surtout connu pour avoir été dans la deuxième partie du XIXe siècle et au début du XXe siècle un des ports de la grande pêche, au large de l’Islande. Pierre Loti en fera un roman en 1886, Pêcheur d’Islande.

L’Europe découvre, dès le début du XVe siècle, grâce au commerce portugais, un poisson, la morue, et la consommation croissante de ce produit entraîne une augmentation considérable des flottilles pour pêcher en haute mer. En France même, des navigateurs bretons de Paimpol et de Saint-Malo, des marins normands de Barfleur et de Dieppe, enfin d’autres de La Rochelle et du Pays basque partent pêcher la morue au large des côtes canadiennes et dans le golfe du Saint-Laurent, avant même la découverte de l’Amérique par Christophe Colon : la charte de Beauport indique que les Bréhatins connaissaient Terre-Neuve dès 1456 ! Tous ces hardis équipages se retrouvent au large de Terre-Neuve en compagnie de navigateurs portugais, irlandais, anglais, vénitiens et hollandais.

Les armateurs Paimpolais s’oriente vers la pêche en Islande à partir de 1852 et à partir de 1856 c’est la destination préférée car plus rentable. 1895 est l’apogée pour l’armement de la grande pêche en Islande (200 mâts sont comptabilisés dans le port, dont 82 navires islandais). Après, c’est le déclin, notamment après la première guerre mondiale pendant laquelle beaucoup de bateaux furent détruits, jusqu’en 1935, avec la Glycine, la dernière goëlette paimpolaise qui ira en Islande.